Difficile de s’imaginer que dans un territoire aussi petit et densément peuplé, il puisse encore y avoir des écrins de verdure à apprécier n’est-ce pas ?
Comparé aux 551.000 km² de la France, les 41.000 km² qu’occupent les Pays-Bas peuvent paraîtres minuscules pour les quelques 18 millions d’habitants qui y vivent.
Cela nous donne une concentration moyenne de 429 habitants par km² ; 4 fois plus que la France !
Pour vous donner une idée, le pays le plus proche en terme de superficie est la Suisse avec à peine 9 millions d’habitants.
Malgré ses apparences de territoire ultra-urbanisé, les provinces du "Koninkrijk der Nederlanden" ; Royaume Néerlandais abritent encore de vastes étendues naturelles à la faune et flore abondante.
Approximativement délimitée par les villes Hattem, Apeldoorn, Arnhem, Dieren, Wageningen, Ede, Barneveld et Harderwijk, "de Veluwe" ; la Veluwe représente le plus grand territoire boisé naturel d'Europe du Nord-Ouest.
Aujourd'hui composée de vastes étendues forestières, de landes de bruyère, de marais et de champs, ce territoire a pourtant bien failli devenir (partiellement) le premier désert inhabitable d’Europe.
Mais comment la région peut-elle être désertique et humide à la fois alors ?
Pour rappel, on parle d’un pays dont 1/4 des terres gisent en-dessous du niveau de la mer ; de l’ordre de 7m en moyenne.
Le paysage qui nous est offert aujourd'hui résulte de la succession de deux périodes glacières ; « de Saale-ijstijd » ; ère glaciaire du Saalien il y a 160.000 ans et « de Weichselien » : ère glacière du Vistulien il y a 100.000 ans.
Autrefois recouvertes d’une mer de glace, les plaines Néerlandaises se sont peu à peu dévoilées et ont laissé place à un mélange d’immenses étendues forestières et de lacs pendant « de Holoceen » ; l’ère Holocène il y a 11.000 ans.
La fonte rapide des glaces entre les deux premières périodes créa des courants qui déposèrent des sédiments de roches et des minéraux au fond de l'eau.
Cette nature du sol est qualifiée de "stuwwal" ; la moraine ou farine glacière.
Combiné à un climat froid, aride et sec ; le vent balayant les plaines sablonneuses forma des dunes avec le temps.
Les « nouvelles » forêts habitées depuis la Préhistoire si l'on en croit les vestiges archéologiques de villages et de tombes ont été intensivement déboisées lors du Moyen-Age pour la construction d’habitations et la production massive de charbon, essentiel à la sidérurgie.
Ces deux besoins réunis furent une cause majeure de la "zandverstuiving" ; dérive de sable.
Aidé par le vent du nord ; la désertification du sol empêcha peu à peu la repousse de végétation provoquant finalement l’exode des habitants.
Dans les années 1899, le gouvernement fonda "het Staatsbosbeheer" ; l'office National des Forêts afin d’entreprendre le premier projet de reforestation à base de conifères pour contrer le phénomène.
Et pour cause ! Au début du 19ème siècle, une tempête rasa plus de 78 milles hectares de cultures et de plantes.
Ce plan a permis de passer d’une proportion de 20% de terres boisées à 75% qui doivent, aujourd'hui, être maintenues.
Vous l'aurez compris, l’expansion du pays a été fortement dépendante de la capacité des instances gouvernementales à trouver la juste mesure entre l'exploitation et la préservation du territoire.
Pour y arriver, des cursus de formations spécialisés et reconnus dans le monde entier ont vu le jour dans les écoles Supérieures Néerlandaises.
Grâce aux "Land en Water management opleidingen" ; formations à la gestion des terres et du niveau des eaux, l’importance de la symbiose entre l’Homme et la nature a été pleinement considérée dans les projets de recherches et les mesures de protection qui font l’objet d’un encadrement national.
Aujourd’hui, 25% du territoire néerlandais est classé en zone protégée par le projet de l’Union Européenne de conservation de la biodiversité Natura 2000, tout en sachant que l’objectif est d’arriver à 30% d’ici 2030.
Avec près de 250.000 hectares de terres intégrées au plan de préservation et encore 150.000 qui viendront se greffer dans les 7 ans à venir, les Provinces œuvrent chacune dans l’intérêt de tous pour permettre l’aboutissement du projet de conservation des espèces terrestres mais aussi marines.
Ma cousine aînée connait bien ce sujet car elle en fait l’objet d’une thèse à "Wageningen University & Research" ; Institut de recherche Universitaire de Wageningen.
L’objectif final est de réussir à connecter les territoires protégés entre eux afin de garantir la diversification des espèces y vivant et réapprovisionner en eau les zones les plus sèches.
Le tout en empêchant l'engloutissement des terres par la mer...
Car oui, outre les loutres et castors que le pays abrite, c'est également l'une des réserves ornithologiques Européennes les plus importantes.
Les amateurs y trouveront un formidable potentiel d'observation pour oiseaux en tous genres ; migrateurs, marins, limicoles etc.
On pourra également citer comme participant actif à la préservation du site la couronne Néerlandaise.
D’origine Allemande et chasseur aguerri, "Prins Hendrik" ; le Prince Hendrik est nostalgique des grands domaines boisés Bavarois depuis son mariage avec "Koningin Wilhelmina" ; Reine Wilhemine.
Installé depuis 1901 au "Paleis Het Loo" ; Palais Het Loo près de Apeldoorn, la proximité avec la Veluwe sera pour le Prince une opportunité de retrouver cet "air" de chez lui.
D'après "het Duitse bosbouwmodel" ; le modèle de forestation Allemand, le couple royal sera à l'initiative d'un vaste projet de plantation d'arbres et de repopulation de la faune par l’introduction du mouflon, du sanglier, du cerf, et même du kangourou.
Bien que cette dernière espèce ne perdurera pas (on se demande bien pourquoi...), les autres y trouveront un habitat adapté et sécurisant ce qui malgré les parties de chasse sur le domaine engendrera leurs surpopulation.
Aujourd'hui encore, "het Kroondomein Het Loo" ; le domaine Royal Het Loo ferme quelques mois chaque année pour permettre à la famille royale de chasser afin de réguler les populations de gibiers.
Depuis 2019, l’office National des forêts a également constaté le retour du loup avec les premières naissances dans le nord de la région.
Parmi les 23 parc naturels répartis dans les différentes Provinces, c’est au cœur de la province "Gelderland" ; Gueldre que l’on retrouve le "Nationaal Park de Hoge Veluwe" ; le Parc national de haute Veluwe qui représente environ 1/20 de la Veluwe.
Cette histoire commence en 1909 quand Anton Kröller ; homme d’affaire à succès passionné de chasse (lui aussi) et son épouse Hélène Müller ; collectionneuse d’art font l’acquisition d’immenses étendues près d’Otterlo afin d’y réaliser leur rêve : la communion de l’art et la nature.
Dans cet écrin qui atteindra environ 6.800 hectares, ils font construire en 1915 la résidence de campagne familiale : "Jachthuis Sint Hubertus" ; maison de chasse Saint Hubert ou "Sint Hubertusslot" ; pavillon Saint Hubert dont on doit l’architecture au célèbre Hendrik Petrus Berlage.
H.P Berlage sera l’instigateur des travaux de la 1ère pierre posée jusqu’à la conception des couverts de tables, ce qui durera prêt de 5 ans.
En parallèle, Hélène Müller qui ambitionnait la présentation au public de sa collection d’art mit au point un projet de musée avec l’architecte Henry Van de Velde qui démarra en 1921.
Malheureusement, une grave crise économique éclate en 1922 et provoque la faillite de l’entreprise Müller&Co.
Le couple décidera de céder le parc en 1935 au gouvernement qui créera la fondation "Nationaal park de Hoge Veluwe" ; parc National de Haute Veluwe afin de perpétuer le projet initial.
Leur collection d’art sera mise à disposition de l’état Néerlandais et l’ouverture au public du "Kröller-Müller museum" ; musée Kröller-Müller inaugurée en 1938 par Hélène Müller elle-même.
Plus de 100 après, nous pouvons encore profiter de cet héritage hors du commun composé de quelques 20 000 œuvres d’art et notamment la 2nde plus grande collection Vincent Van Gogh, le tout niché au milieu d’une réserve naturelle hors du commun.
Non loin de là, c’est sur la lande des "Renderklippen" que j’ai passé une partie de mon enfance explorant les recoins de la forêt et coulant de paisibles étés au bord du "Heerderstrand" ; la plage de Heerde : un lac naturel au cœur des pins.
Les interminables serpentins de pistes cyclables à travers les dunes de bruyère, les forêts de pins et les champs marécageux en font un terrain de jeu rêvé pour les sportifs amateurs de nature et de calme.
Le paysage offre une impression de sérénité peu descriptible de par son silence et ses couleurs.
L’ambiance y est presque lunaire.
Les nuits y sont d’ailleurs tout aussi merveilleuses car à l’occasion d’un ciel bien dégagé, vous pourrez y admirer une magnifique voute céleste comme on en trouve plus dans le pays.
Malgré la proximité de Epe et Heerde peuplés respectivement de 33.000 et 20.000 habitants, un calme plat y règne, nous n’y entendons rien à part le vent dans les arbres et l’espace d’un bref instant, le craquement des branches au passage d’un gibier.
Heerde, c’est le village qui a vu grandir ma mère et sa famille.
Situé au bord de la Veluwe, sa proximité avec les landes et la forêt en fait un village boisé et naturel.
Il n’est pas rare d’y voir passer une harde de cerfs, des sangliers, ou un renard un peu curieux.
Au milieu des landes de bruyère avoisinantes se trouve encore "de schaapskooi" ; la bergerie historique avec son troupeau de 150 moutons élevés pour la laine à tisser.
Idéale pour une mise au vert ou simplement des vacances en nature, la région de Veluwe offre un dépaysement total loin de l’agitation des grandes métropoles tout en profitant de la proximité des activités.
Après une balade au grand air, vous pourrez savourer une bière artisanale au kiosk du lac pour profiter des couleurs de la saison à la lumière du soir.